From Curious Archives, or Singularities, Curiosities and Novel Anecdotes of Literature, History, Sciences and Arts, Etc., Paris: House of Guyot de Frere, Editor; 1834; pp. 170-172.




AUPRÈS DU VILLAGE DE BERGÈRES.








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Me trouvant, au mois d’août dernier, au village de Bergères, près de Montaimé, route de Paris à Châlons-sur-Marne, j’appris des habitans du pays, que l’on trouvait fréquemment des ossemens humains et des ornemens en cuivre sur un coteau du voisinage.

Ayant résulu d’y faire une fouille, on me conduisit sur le revers occidental des coteaux de Cormont, qui, interrompus par le col où passe la grande route, se terminent brusquement au Montaimé. A environ mille mètres au nord de la ferme de Puy, sur la droite de la route de Châlons à Paris, je vis un monticule inculte que l’on me désigna sous le nom de Cimetière de Puy, comme le lieu où je devais faire mes recherchés. Ce monticule n’est point factice comme les tumulus que j’ai été à même plusieurs fois d’observer en Bretagne: il est composé de craie tuffeau, recouverte d’une mince couche de terre végétale. Instruit par mes guides, je reconnus bientôt, à la première vue, l’emplacement de chaque tombe, à la couleur et à l’abondance de la végétation; ce qui ne provient pas sans doute, après tant de siècles, de l’existence de matières animales, mais de la plus grande profondeur du terrain meuble dans ces parties du sol.

Les ossemens se rencontrent depuis le niveau du sol jusqu’à la profounder de trois pieds et plus, suivant la facilité que les eaux ont eue à entraîner les terres qui les recouvraient. 171 Quelques fosses paraissent être beaucoup plus profondes; j’en ai abandonné une avec regret à la profounder de cinq pieds, lorsque ses dimensions extraordinaires me faisaient espérer des résultats intéressans. Ces fosses sont toutes dirigées de l’ouest à l’est, ou, plus exactement, vers le soleil levant; la tête repose souvent sur une pierre informe, les mains placées contre les hanches; les armes se trouvent au côté droit. Un vase en poterie grossière était posé sur la poitrine, mais il parait avoir été presque toujours écrasé par les matériaux dont on comblait la fosse, et ses débris sont tellement attaqués par l’humidité, qu’ils se broient sous la main.

On trouve fréquemment des charbons.

Un sabre se trouvait dans un tombeau profound, près d’un guerrier dont la taille devait atteindre près de six pieds. Un collier était au cou, et deux bracelets à ses poignets. Mon guide m’a assuré n’avoir jamais trouvé d’autre fer, tandis qu’on avait, à sa connaissance, vendu du cuivre pour des sommes assez fortes. Je serais, d’après cela, disposé à regarder ce sabre comme une conquête faite sur les Romains.

Dans le plus grand nombre de ces tombes, on ne trouve que des ossemens et quelques débris de poterie.

J’ignore l’étendue de ce lieu de sépulture; les corps sont très rapprochés, et souvent les uns sont placés au-dessus des autres.

On voit, au sommet du monticule, les restes de l’un des sept autels autour desquels l’empereur de Russie, Alexandre, rassembla son armée en 1814; pendant l’office divin, il se tint placé avec son état-major sur le sommet du Montaimé.

J’ai dit que l’on nommait ce lieu Cimetière de Puy (1); Puy est une ferme située sur l’emplacement d’un établissement 172 romain, du moins les champs autour de la ferme sont semés de briques et de debris de poterie, et une voie romaine y passait; ou peut en observer fort bien la construction. En face même de la ferme, cette voie paraît se diriger au nord-ouest vers Soissons, et au sud-est vers Pierre-Morin, où l’on a trouvé beaucoup d’antiquités romaines; ne serait-ce point une communication entre Langres et Soissons?



M. BOULAYS.









(1)  Le mot celtique Puy s’applique à un pays de montagnes: le Puy de Dôme, le Puy St-Eusèbe, etc.















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